Par Guy Mokuho Mercier
Le 8 novembre dernier, Sojun Matsuno roshi est décédé à l’äge de 89 ans.
C’est le maître qui a accepté de me transmettre le Dharma (le Shihô) dans la tradition du zen Sôtô.
Je souhaite en vous le présentant aujourd’hui lui rendre hommage pour ce qu’il était, un homme bon et simple, discret, et je peux même dire sans prétention. Je veux le remercier aussi pour le service qu’il m’a rendu en acceptant de m’inscrire dans sa lignée.
Il naît en 1928. Il fait des études d’ingénieur chimiste à l’université de Keio, à Tokyo, qui forme les cadres supérieurs dans toutes les disciplines de la technologie et de l’économie. Cela le conduit à travailler pour une compagnie pétrolière japonaise pendant plusieurs années, à la suite de quoi il décide de continuer ses études aux Etats Unis, à l’Institut polytechnique Rensselaer, université américaine et institution de recherche spécialisée dans les domaines de la science et de la technologie où il a obtenu le titre de Docteur.
Il travaille ensuite pour Esso (groupe Exxon Mobil au Japon), puis retourne de nouveau à New York, au MIT dans les années 70 pour y reprendre des études. Il poursuit sa carrière chez Esso dont il deviendra vice-président dans les dernières années de sa vie professionnelle. Pour avoir contribué au bien-être du public, il est récompensé par la médaille ‘’Blue Ribbon’’, par le gouvernement japonais.
En plus de ses responsabilités professionnelles, il fut aussi président de la ‘’Shanti Volunteers Association’’, un organisme non-gouvernemental d’aide éducationnelle et d’assistance logistique à l’enfance en Afganisthan, Népal, Myanmar , Cambodge, Laos, Thaïlande …
Et, curieusement, en 1986, à l’âge de 58 ans, il devient moine zen ! Séduit par zazen !
Je l’ai rencontré à Tokyo en 2006 et il a été avec moi très ‘’paternel’’, curieux de comprendre comment un français pouvait être intéressé par le zen japonais. Comme il parlait un anglais excellent, nous avons eu quelques bonnes discussions, mais je n’ai malheureusement pas eu l’opportunité de passer beaucoup de temps avec lui. Il est venu à la Gendronnière plusieurs fois et était très étonné de voir à quel point le zen européen s’était développé en si peu de temps depuis l’arrivée de Maître Deshimaru.
Je ressens aujourd’hui de la solitude. C’est toujours émouvant lorsqu’un maître nous laisse. Il s’en va se reposer et nous fait confiance pour continuer à enseigner le Dharma du Bouddha. Je lui fais un profond sanpai et lui garde une grande place dans mon cœur, là où sont toutes celles et tous ceux j’aime.
Guy Mokuho Mercier