Guy Mokuhō Mercier
Que dire sur … moi !
C’est en 1973 que j’ai rencontré pour la première fois Maître Deshimaru, à un camp d’été à Lodève dans le département de l’Hérault. Peu disponible au début et surtout préoccupé de caser la pratique dans mon activité professionnelle, je n’ai commencé à l’approcher qu’en fin 1975. Séduit par son immense charisme, j’ai accepté de devenir son disciple en recevant l’ordination de moine, en mars 1976.
Dès lors, j’ai essayé de mettre mes capacités à son service et à celui de la sangha de Pernety. Avec Michel Bovay qui assurait le secrétariat et la gestion des sesshin, nous avons sillonné la France pour trouver un lieu pour les sessions d’été, approprié à la taille de la sangha rapidement grandissante.
A partir de 1977, j’ai donc participé activement à la vie de la Sangha, dans l’organisation des camps d’été. Je me suis retrouvé, un peu par hasard à la cuisine comme tenzo en 1977 et 1978 à Val d’Isère, et je me suis découvert une nouvelle et passionnante capacité.
Ensuite ce fut l’achat de la Gendronnière, en été 1979. Ma responsabilité a été de trouver le matériel dont nous avions besoin (lits et matelas, matériel de cuisine et outillage …) et de participer à l’effort de tous les membres de la sangha pour pouvoir réaliser dès 1980 l’accueil et la pratique des sessions d’été.
Après la mort si subite et si bouleversante de Maître Deshimaru, les proches disciples n’ont pas baissé les bras et sont restés actifs pour poursuivre sa ‘’mission’’. À Paris, en 1984, je me suis occupé du déménagement du dojo zen de Paris, de Pernety à la rue des Cinq Diamants. Et également, en 1990, du déménagement et des travaux dans le dojo suivant, rue Keller, près de la Bastille.
De 1986 à 1991 j’ai accepté de nouveau la responsabilité de Tenzo aux sessions du temple Zen de la Gendronnière (printemps, été, automne et hiver). Un enseignement extraordinaire pour moi, qui a nécessité beaucoup d’énergie et de créativité mais a aussi été une des plus riches expériences de ma vie zen.
En 1991, comme mon épouse attendait un enfant (ce fut une petite fille), nous avons décidé qu’elle naîtrait dans un milieu favorable, paisible et j’ai sollicité auprès des anciens la place de responsable de la Gendronnière. Nous y sommes restés jusqu’en 1997. C’est à cette époque que furent réalisés les grands travaux de voirie (adductions d’eau, lagunage, raccordements électriques des différents bâtiments, …), ainsi que ceux qui nous furent prescrits par la Préfecture pour réaliser la mise aux normes européennes de sécurité de tous nos installations.
Après avoir quitté la Gendronnière en automne 1997, j’ai eu la chance d’être invité par de nombreux dojos à diriger des sesshins. Certains pratiquants se sont montrés fidèles et désireux de se retrouver entre amis ce qui a constitué les prémices du désir de créer une association pour rassembler et favoriser la pratique de tous ces amis de la Voie.
L’association Tenbôrin a vu le jour en février 2004.
Vers 2009 a germé l’envie de pratiquer dans un lieu dédié à la sangha et d’arrêter de louer des centres ou des gîtes de groupe pour organiser la pratique. Après de très nombreuses visites de biens proposés sur le marché immobilier, un groupe de disciples a acquis un gros bâtiment dans le Cantal, près de la ville de Saint Flour. Il semblait convenir parce que, recevant des colonies de vacances, il était aux normes de sécurité demandées aux établissements recevant du public.
Nous avons appelé ce lieu Centre zen de Lanau.
Cependant dès les premières années la tâche a été difficile. L’immense surface de la construction, l’état plutôt médiocre de certaines parties, la difficulté de s’approvisionner pour la nourriture et le matériel de travaux, le climat plutôt rude et l’éloignement de beaucoup des disciples de la sangha, tout cela a rendu la vie des résidents épuisante.
Nous avons cependant réussi tout au long des années à organiser une activité vraiment riche et diversifiée qui a été la spécificité du Centre zen de Lanau. Grâce à l’effort de nombreux membres de la Sangha, ce furent des sesshin régulières, des séminaires d’enseignement sur le zen et le bouddhisme, des ateliers sur la pratique du moine et de la nonne zen, ou des rencontres plus pragmatiques (Couture du kesa, communication non-violente, chant, diététique fondamentale, Qi Gong …).
Le Centre zen de Lanau devait avoir un nom plus zen lors de son enregistrement comme temple officiel de l’École Soto, ce qui ne s’est pas produit. Le décès de deux résidents, la fatigue et les nouvelles contraintes énergétiques ont dissuadé une partie des résidents de continuer l’aventure. Nous avons mis en vente en 2018 et trouvé un acquéreur en automne 2022. Les formalités liées à la vente se sont terminées début 2024.
La responsabilité d’abbé du Temple zen de la Gendronnière m’a été proposée par les Anciens de la sangha AZI, en automne 2023 et j’ai accepté cette représentation auprès des autorités du zen japonais afin d’encadrer de mon mieux la pratique des résidents du temple. La cérémonie d’intronisation d’abbé a eu lieu le 14 janvier 2024 dans le grand dojo de la Gendronnière. De nombreux disciples de la sangha Tenbôrin ont accepté de continuer m’aider ; sans eux je ne pourrais pas prétendre assumer cette fonction si essentielle.
Je continuerai aussi à répondre aux invitations des dojos pour animer des sesshin, ce qui se réduira progressivement, l’âge ne favorisant pas les voyages avec tout l’équipement du moine zen.
Pour moi, la pratique ne peut plus s’arrêter. Elle est sans fin !