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Semaine Vacuité à Lanau : une grande expérience du rien !

Semaine Vacuité à Lanau : une grande expérience du rien !

Séminaire VACUITÉ des 20-23 mars 2022

En commençant  cette semaine par deux teishos très intenses de Guy Mokuhō Mercier, le séminaire a tout de suite été immergé dans la perspective de notre tradition Zen Soto. Il y eut  également interaction entre la pratique de zazen qui démarrait et finissait nos journées, et les différents ateliers du matin et de l’après-midi. C’était comme un écho aux petites touches subtiles.

Au cours de ses conférences, Christian Miquel nous a donné de nombreux éléments d’introduction à la pensée du philosophe indien Nagarjuna (IIème et IIIème siècle). Il nous a montré comment Nagarjuna s’est appliqué avec un esprit critique terriblement efficace à déconstruire systématiquement nombre de concepts issus du bouddhisme d’alors pour finalement arriver au cœur de l’enseignement du Bouddha et le valider, c’est-à-dire que la réalité ultime n’est autre que l’Ainsité (Tathatâ: Les choses telles qu’elles sont en elle-même), immuable, non conceptualisable.

Pour Nagarjuna, c’est à la limite de deux vérités distinctes que se trouve la Voie du milieu, entre la vérité relative, conventionnelle de notre vie ordinaire et la vérité de sens ultime qui reconnaît  la vacuité des choses du monde phénoménal. Christian Miquel a porté des éclairages très divers sur la pensée de Nagarjuna, depuis les réflexions de philosophes occidentaux de toutes époques jusqu’aux théories sur le vide de la physique quantique.

Évidemment beaucoup d’entre nous, ses auditeurs, se sont perdus à de multiples reprises aux détours de phrases lourdes de sens. Mais au final, pour beaucoup de participants, il reste un sentiment de paix et de bien-être même si la compréhension n’a été que parcellaire. Le fait que le Dharma, et donc notre pratique, ait été soumis à une critique très profonde par la pensée humaine et en soit sorti légitimé, cela a quelque chose de réconfortant.

Les ateliers proposés par la nonne Sarah étaient d’une autre nature. Par l’expérimentation, nous avons pu découvrir des situations de la « Vision sans tête » qui est une voie de la connaissance de soi initiée par Douglas Harding. Le rythme des interventions était très différent et nous prenions le temps, d’une part de réaliser nous-même ce que nous vivions et d’autre part d’échanger avec les autres, découvrir d’autres approches, d’autres façons de réagir et ainsi de compléter et faire avancer notre propre compréhension.

En conclusion, si ce séminaire avait pris une forme humaine, Guy Mokuhō Mercier en aurait été le squelette et le système nerveux, Christian Miquel la tête pensante, Sarah la respiration et la Sangha présente, la chair et les muscles.

Mais bien sûr, cette forme humaine existait mais n’existait pas, elle n’avait ni existence ni non-existence. Bref, vacuité!

Sangha Tenborin