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Newsletter Janvier 2016

La fumée
Dessine à présent
Le premier ciel de l’année
Kobayashi Issa (1763-1828)

En ce jour de l’an nouveau, nous avons planté un bâton d’encens dont la fumée a répandu son parfum dans le ciel du dojo. Nous ouvrons notre coeur à cette année toute neuve pour aimer, partager, explorer et éclairer le chemin qui s’offre à nous.

C’est le moment où chacun(e) prend en lui-même des résolutions pour changer, pour transformer ce qui n’a pas abouti ou n’a pas fonctionné dans le passé. C’est bien ! Mais tous ces souhaits sont, pour la plupart, fondés sur l’idée d’un bonheur que nous voudrions possible dans le futur, pour nous-même et pour les autres. Nous voulons que s’allègent nos difficultés. Nous formulons l’espoir d’être ceci ou cela, d’obtenir davantage que jusqu’à présent. Et ces voeux, bien souvent, s’inscrivent dans un devenir qui nous attache davantage aux résultats, aux performances, aux possessions et à l’imaginaire de nos projections. Tout cela nous maintient dans l’oubli de ce qui vit dans notre coeur à chaque instant.

Nous ne pouvons donc pas nous fier à ce qui a fait naître en nous l’insatisfaction qui préside à la formulation de ces voeux. Nous ne pouvons plus croire à des rêves de bonheur qui ne sont que des constructions imaginaires de la pensée. Ni non plus nous référer à des habitudes, des préjugés ou des notions qui font de notre vie une suite d’échec ou de déceptions, un long combat avec nous-même, avec les autres, avec les circonstances.

En ce début de nouvelle année, nous devons nous remettre profondément en cause et accepter que la base de nos actions à venir surgisse de ‘’Cela’’, qui est éternel en nous, n’est pas affecté par les circonstances mouvantes des phénomènes. ‘’Cela’’ se révèle dans le silence de notre coeur par une ouverture et une disponibilité sincère et spontanée. C’est ce que l’on appelle Sho shin, ‘’l’esprit du débutant’’, si fondamental dans la tradition de notre école du zen.

Déployer et préserver l’esprit du débutant est la pratique des nouveaux autant que des anciens.

C’est un esprit ouvert, curieux, étonné, attentif, aventureux, qui ne ‘’sait pas’’. Le débutant accepte de se détacher des habitudes négatives pour s’engager dans un chemin de transformation intérieure. Il consent librement à accepter les enseignements du Bouddha et à suivre les recommandations des anciens car il est ‘’avide’’ de vérité, d’éveil. Il veut apprendre à voir plus loin, à comprendre davantage, à sortir des limites de l’ignorance mondaine par une adhésion joyeuse et sincère à la pratique millénaire transmise dans le dojo. Il ressent souvent la joie d’être ‘’arrivé’’, d’avoir retrouvé le chemin de sa demeure sans très bien savoir pour autant ce que cela veut dire.

Le débutant ne sait pas toujours à quoi il s’engage, mais il en a une intuition innée. Dès qu’il s’est assis dans le dojo, ce lieu où les différences sont effacées, où les efforts sont immédiatement récompensés, il sait qu’il retrouve cet équilibre que l’ignorance, l’avidité et l’aversion lui avaient dérobé. Il devient capable d’une détermination spontanée, du désir de servir, d’accepter les différences, de s’oublier lui-même. Il apprend à devenir lucide, à se conformer à des règles sans se refermer, à s’enraciner dans les valeurs qu’enseigne le Bouddha car il comprend qu’elles sont déjà en lui et que le ‘’travail’’, c’est de les laisser apparaître.

Le vrai débutant ne voit pas les défauts des autres car il est tourné vers sa propre perfectibilité. Il apprend à accepter les différences. Il comprend peu à peu que ce ne sont pas les circonstances extérieures qui doivent influencer les élans de son coeur, que ce ne sont pas les jugements sur les autres qui lui apportent la sérénité dont il a besoin. Il est capable d’effort, d’abnégation, d’humilité, de persévérance et c’est cela qui fait de lui un exemple pour les anciens.

Ce sont toutes les qualités du débutant que je nous souhaite de retrouver dans les intentions et les actions que nous mènerons cette année à partir de notre pratique.

Que les mots mushotoku (sans esprit de profit), paramitas (don, patience, discipline, détermination, ouverture …), san pai (l’abandon en se prosternant), shin jin datsu raku (rejeter, oublier le corps et l’esprit), mu shin (l’esprit nu, sans intention) … et tous les aphorismes si directs et si essentiels de la tradition du zen, nous soient pour cette année 2016, les lumières que nous laisserons s’installer et demeurer dans notre coeur pour éclairer notre chemin quotidien.

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En 2016, l’association Tenbôrin continuera son action pour promouvoir la pratique de la Voie du Bouddha. Sesshin, camps d’été, et autres activités au Centre zen de Lanau et toutes les informations pour venir pratiquer à Lanau sont déjà le site de l’association ( www.tenborin.org ou www.centrezenlanau.org).

Nous espérons tous vous voir à Lanau où la sangha se retrouve dans une fraternité calme et joyeuse.

  • Dès à présent pensez à garder disponibles les premiers jours du mois de mai (du 1 au 5) pour un nouveau séminaire sur le ‘’Shôbôgenzô’’, l’oeuvre essentielle de maître Dôgen, dont le thème sera ‘’la temporalité’’. Très bientôt un dépliant vous sera envoyé.
  • Deux camps d’été : le premier du 8 au 17 juillet, et le second du 13 au 21 août avec l’accueil des enfants.
  • Pour fin octobre un autre séminaire dont le thème n’est pas encore fixé.

En tout début d’année, dans la tradition du zen, nous scellons nos voeux par le don.

Tout ce qui est reçu est redonné dans l’activité qui répand la pratique.

Merci pour votre générosité. Nous en avons besoin compte tenu de l’ampleur de notre projet à Lanau. Vos dons permettront d’aider les pratiquants qui en ont besoin pour assister aux sesshins (le fonds DANA a été créé pour cela), de consolider les fondations du Centre zen de Lanau, de lui donner plus de visibilité dans le monde et de continuer à répondre aux priorités du bâtiment et à l’amélioration de l’hébergement.

C’est le moment aussi de renouveler votre cotisation de 20 €. Vous pouvez utiliser Paypal via le site web de Tenbôrin.

A toutes et tous, je souhaite que se révèle cette vérité de l’Être : Soku shin ze Butsu : ‘’Ton propre coeur est Bouddha’’ dans la simplicité et l’humilité de l’esprit du débutant.
Avec toute mon amitié, bonne et heureuse année.

Guy Mokuhô.

Pour vos dons, vous pouvez faire un virement ponctuel, ou mensuel de quelques euros, ou envoyer un chèque à l’ordre de l’association Tenbôrin, au Centre zen de Lanau, 15260 Neuvéglise.

Sangha Tenborin