Lettre d’information de Guy Mokuhô – Automne 2015
Chers ami(e)s de la Voie, et de Tenbôrin,
Un autre été est passé ! Le troisième à Lanau, déjà ! Un été où nous avons pratiqué deux ango, dans le calme et la bienveillance.
En juillet le thème des enseignements a été ‘’Donner et recevoir’’, deux verbes indissociables dans la réalité des enseignements du Bouddha, deux actions qui se complètent mutuellement quand elles sont accomplies avec un cœur ouvert et qui attestent notre qualité fondamentale d’êtres humains.
Et c’est de l’ouverture de ce Cœur (Bodaishin), de son déploiement pour notre bienfait et celui des êtres, dont il a été question en août. Ce Cœur qui est notre trésor, notre nature véritable et que nous cherchons désespérément loin de nous.
L’ango d’été, c’est l’indispensable pratique ensemble, avec les vrais amis de la sangha. Nous mettons de côté l’individuel pour focaliser l’attention sur ce qui oriente notre regard et voile la perception de notre propre bonté naturelle. Nous apprenons à nous abandonner avec les autres en cessant de vouloir contrôler. Nous cessons de nous opposer à ce qui survient, à ce qui nous est proposé, dans un esprit d’acceptation joyeuse. Nous créons ensemble une pratique simple et lumineuse pour éclairer notre propre cœur et dissiper la confusion de notre monde.
Au mois d’août, une quinzaine d’enfants de 8 à 14 ans étaient présents à la 2ème session, avec leurs parents, et ils nous ont apporté leur innocence, leur enthousiasme et aussi leur aide ! Nous proposerons dans le futur des camps d’été spécialement organisés pour les jeunes générations.
Merci à toutes et tous pour votre présence et votre engagement dans les samus et les nécessités du collectif. Vous avez ‘’déployé le cœur de l’éveil’’ avec un esprit généreux et attentif que vous devez continuer à protéger et garder disponible.
Pour cette fin d’année 2015, nous proposons une sesshin ‘’Silence’’, du 7 au 12 décembre. Cette sesshin (Rohatsu en japonais : le 8ème jour du 12ème mois, ou la retraite du 8 décembre), sera totalement silencieuse comme si elle n’était qu’un seul zazen. Elle correspond à la date la plus importante pour toutes les sanghas bouddhistes zen, l’éveil du Bouddha Shakyamuni. Un dépliant sera bientôt disponible et le programme de cette sesshin sera dès que possible sur le site www.centrezenlanau.org
Pour Noël, il n’est rien prévu de spécial mais si vous vous sentez seul(e) ou si vous en avez envie, venez prendre un peu de repos avec nous et passer un bon réveillon entre amis.
Pour 2016, vous pouvez déjà consulter le programme des activités et sesshin organisées au Centre zen de Lanau, en ligne sur le site de l’association.
Du 27 décembre au 10 janvier 2016, le Centre zen de Lanau sera au repos. Il est possible de venir en prenant contact avec Danielle.
Nous rappelons que vous pouvez suivre des enseignements sur le sumi-e (peinture à l’encre de Chine) et le pratiquer à Lanau toute l’année (voir sur le site).
Nous avons toujours besoin de personnes compétentes ou de bons bricoleurs à Lanau, car nous souhaitons pouvoir améliorer progressivement (et économiquement) la qualité de l’accueil dans les chambres et faire face aux nécessités du bâtiment et du jardin (isolation, sécurité, aménagements pour les handicapés, menuiserie, peintures …).
Et bien sûr vos dons (fuse) sont bienvenus et indispensables car peu à peu ils permettent de réaliser ce grand projet de centre zen intergénérationnel. Merci.
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Quelques mots sur le Japon où j’ai atterri le 31 août, pour rentrer le 1er septembre dans le temple de Chuoji à Sapporo, sur l’île d’Hokkaido, dont l’abbé (et le maître) est Minamizawa roshi, vice-Zenji de Eiheiji, c’est-à-dire une des personnalités les plus respectées dans le Soto zen japonais. Il est déjà venu plusieurs fois à la Gendronnière et à Kanshoji et il a toujours souhaité apporter son aide et celle de Eiheiji aux pratiquants français de la sangha AZI. Il est le maître de Dharma de Jean-Pierre Taiun Faure et de Laure Hosetsu Scemama.
Dans le temple, les moines ont un immense respect pour lui, presque une piété filiale, et j’en comprends les raisons quand je vois à quel point il est dévoué, humble et conserve à 90 ans une présence rassurante, une vue perçante, une qualité de répartie et un humour certain ! Comme un père de famille nombreuse qui n’oublie pas un seul de ses enfants.
Je me sens donc bien dans ce temple situé en pleine ville, malgré les bruits de la rue et les émanations des gaz d’échappement des voitures sous ma fenêtre. J’ai été très bien accueilli, et même s’il n’y a qu’un seul moine qui parle anglais, les autres essaient de me guider et de me faire savoir par gestes ce que je dois faire ou éviter de faire.
Bien sûr c’est une période de solitude, mais elle n’est pas pesante. Je suis peu à peu intégré à la vie quotidienne de la dizaine de jeunes moines (il y a une vingtaine de personnes dans le temple), aux différentes fonctions du quotidien et de la liturgie, sauf celles qui, compte tenu de mon âge, demandent un gros effort physique (courir dans les couloirs pour le réveil) ou une réelle rapidité d’exécution (certaines responsabilités pendant la cérémonie). Et je passe beaucoup de temps seul dans ma chambre (privilège).
Les angos au Japon ne se ressemblent pas mais ils ont tous en commun de mettre les moines qui y participent, jeunes ou vieux, dans un dépaysement total. Ce n’est pas lié au Japon, puisqu’on ne sort pas du temple pendant 3 mois, mais c’est un rythme continu (sans week-ends) qui défie la force des habitudes d’agir et de penser, oblige à l’attention constante, nécessite une disponibilité immédiate et fait peu de cas des complaisances personnelles. Bien sûr il y a aussi des aspects culturels et cultuels qui ne seront jamais les nôtres, mais la pratique monastique installée depuis des siècles au Japon a modelé une forme de comportement et un état d’esprit qui provoquent automatiquement le ‘’moi’’ et incitent à le dépasser dans une attitude d’acceptation spontanée. Sans cette ouverture, la résistance, l’ennui ou la saturation mentale en conduisent certains à la maladie, autre moyen d’ailleurs d’accepter le changement.
L’automne ne semble pas encore vraiment là, à Sapporo, au 30 septembre. Les 2 gros Ginkgo dans la cour intérieure ont encore toutes leurs feuilles vertes et la température n’est pas encore tombée en-dessous de 20°. Mais tout le monde me prévient des grands froids qui arrivent et me disent de faire attention. Mais ça ne doit pas être très différent du Cantal. On s’y fait ! Et puis le temple est bien chauffé !! Ne vous en faites pas pour moi (-: !
A bientôt. Avec toute mon amitié pour toutes et tous. Guy Mokuhô (Sapporo)